Electrique ou hydrogène ? Les stratégies divergent…

(Paris, le 17 décembre 2015)

Lors de la COP21, un certain nombre d’acteurs ont communiqué sur les énergies alternatives. La priorité reste l’électrique, même si la pile à combustible montre le bout de son nez.

On a plus parlé de véhicules électriques lors de la conférence sur le climat, y compris dans le cadre de la déclaration de Paris*, qui se fixe l'objectif que 20 % de la flotte mondiale de véhicules (dont deux-roues, camions et bus) soient électriques d'ici 2030. Ce qui veut dire 100 millions de voitures, contre 1 million aujourd'hui. Le chinois BYD, qui fait des voitures et des bus électriques, revendique aussi sa part dans la conclusion d’un accord contraignant à Paris.

En marge de la COP21, Renault et Nissan ont joué la carte du véhicule à batterie. L’alliance peut mettre en avant son leadership mondial avec 274 000 véhicules, même si dans les faits Tesla a dépassé la marque au losange.

Et l’hydrogène ?

Lors d’une conférence sur son pavillon COP21, le constructeur japonais a simplement indiqué qu’il étudiait aussi cette piste. Le responsable des véhicules électriques au niveau global chez Nissan, Robert Lujan, a rappelé le partenariat toujours en cours avec Daimler et Ford. A ce stade, il ne s'agit encore que d'études. Même s'il a été question à un moment de 2017 ou 2018, Nissan ne donne pas de dates pour le moment concernant le plan produit. M. Lujan a aussi rappelé que Nissan participe, tout comme Honda et Toyota, à un effort commun de construction de stations à hydrogène au Japon. Mais, la mise en place de cette infrastructure est lente. A titre de comparaison, 6 000 bornes de charge rapide ont été déployées dans ce pays en 5 ans. Selon Robert Lujan, la voiture à hydrogène ne permet pas aujourd'hui d'avoir le même confort qu'une voiture électrique à batterie. Mais, cette forme d'énergie est bien considérée à long terme.

Ce qui vient jeter le trouble, c’est que Ford vient d'annoncer un investissement de 4,5 milliards de dollars sur la période 2016-2020. Une somme à comparer aux 4 milliards d'euros de l'alliance Renault-Nissan et qui constitue un record dans l'histoire de la marque à l'ovale bleu. Ford va utiliser cette somme pour lancer sur le marché 13 versions électrifiées, qui représenteront jusqu'à 40 % de la gamme. Il s’agira de modèles 100 % électriques ou hybrides rechargeables. Mais, Ford ne mentionne nullement l’hydrogène.

Il en faut plus pour inquiéter les partisans de la filière. Hyundai s’est fait une belle publicité en équipant la flotte de la STEP (Société du Taxi Electrique Parisien) de 5 ix35 FC pour son service Hype. Et il espère bien profiter de la manne que représente cette nouvelle compagnie, qui a pour ambition de mettre à la route 70 véhicules d’ici fin 2016 et plusieurs centaines d’ici 2020. Ce qui est sûr, c’est qu’Air Liquide a décidé de construire au moins 3 stations à hydrogène dans Paris et sa région. Un embryon de réseau qui pourrait intéresser à terme d’autres acteurs. Et pourquoi pas un Toyota, qui a été sollicité par la mairie de Paris pour sa flotte municipale, qui compte déjà 6 utilitaires Kangoo H2…
En tout cas, Honda, Mercedes et Kia (la marque cousine de Hyundai) ont bien l’intention de proposer aussi des véhicules à pile à combustible. Quant à Volkswagen, il aura l’occasion de préciser prochainement sa feuille de route pour les énergies alternatives, mais tant la marque VW qu’Audi maîtrisent la technologie.

Les médias, qui pour certains ont découvert l’hydrogène à l’occasion de la COP21, saluent en tout cas le réveil de la France sur le sujet. C’est déjà un premier pas.

*Un texte soutenu par Renault-Nissan, Tesla, la ZEV Alliance, l’Avere Europe et Michelin dans le cadre du Plan d'Actions Lima-Paris (Lima to Paris Action Agenda, LPAA).