Mondial de l'Auto

(Paris, le 10 septembre 2018)

Le Mondial de l'Auto ouvre ses portes dans un peu plus de trois semaines. A en croire certains médias, les salons automobiles ne servent plus à rien et sont condamnés à disparaître, ringardisés par des événements bien plus « hype » comme par exemple le CES de Las Vegas.

Il est vrai que la thématique automobile a pris de l’ampleur au Consumer Electronics Show de Las Vegas, avec la voiture autonome et connectée. Certains acteurs ont pris l'habitude d'y être présents tous les ans, comme BMW, Ford, Hyundai-Kia et Toyota chez les constructeurs; Bosch, Continental et Valeo pour les équipementiers. D’autres y viennent plus épisodiquement, comme Mercedes et Nissan; et d’autres sont partis, comme Audi). C’est aussi l’occasion de découvrir de nouveaux partenaires incontournables comme Nvidia et Qualcomm, dont les puces embarquent à bord.

Le fait est que le CES concurrence le salon de Detroit en début d’année, à tel point que le rendez-vous annuel du Michigan va changer de date à partir de 2020. Il aura lieu en juin pour regagner de la visibilité et du public. Le CES de Las Vegas est devenu si couru que même le Mondial de l’Auto – qui reste pourtant le premier salon spécialisé au monde en termes de fréquentation – a noué un partenariat avec lui pour bénéficier de son aura. Le CES Unveiled Paris aura ainsi lieu le 3 octobre pendant le Mondial, dans le tout nouvel espace Mondial.Tech. Ce partenariat entre salons de la high-tech et ceux du « vieux monde » automobile n’est d’ailleurs pas une première, puisque le salon de Genève s’est rapproché de l’IFA de Berlin.

Les autres événements qui  concurrencent les salons automobiles sont le Mobile World Congress de Barcelone et le Web Summit de Lisbonne. On peut y entendre les grands dirigeants de l’industrie automobile et certaines marques y dévoilent en avant-première de nouvelles technologies et de nouveaux services. On peut même y voir parfois des concept-cars qui n’ont jamais été montrés ailleurs.

Pour autant, l’automobile n’occupe qu’un très modeste espace dans ces shows high-tech. La présence de ces marques ne touche que les leaders d’opinion (médias, blogs) et représente avant tout un « coup » en termes de marketing.

A ce jour, rien ne vaut un salon de l’automobile pour le client final. C’est la garantie de pouvoir s’asseoir à bord des modèles, de découvrir toute une gamme de véhicules et de pouvoir bénéficier d’informations de la part d’un personnel formé à cet effet. Des espaces sont par ailleurs aménagés, avec des bornes tactiles, pour se plonger dans les innovations. Dans les shows high-tech, les véhicules ne sont pas forcément accessibles… quand il y en a (parfois, le concept est présenté en réalité virtuelle). Au MWC, même les journalistes étaient écartés des véhicules quand des clients (comprendre des industriels de l’automobile) visitaient le stand. Quant au dialogue avec des experts, là encore, difficile de les approcher quand on ne travaille pas pour un média.

L’autre avantage du salon automobile est qu’il dispose d’un centre d’essai. C’est le cas par exemple du Mondial de l’Auto, qui proposera un centre indoor dans le hall 2 pour découvrir les derniers véhicules électriques. Il proposera même un centre d’essai en plein Paris, place de la Concorde, pour prendre en main des véhicules à énergie alternative (de l’hybride à l’hydrogène en passant par le gaz).

Il faut donc bien distinguer le buzz suscité par des innovations en rupture, préfigurant ce que l’on trouvera demain sous le capot et dans le tableau de bord, et le produit qui se destine au client final. On remarquera d’ailleurs que certains constructeurs font les deux. Ils sont à la fois au CES (et au Mobile World Congress) et dans les salons automobiles. 

Pour sécuriser leur avenir, les salons de l’automobile doivent évoluer et tenir compte des nouveaux comportements (mobilité partagée, numérique), sans pour autant perdre ce qui fait leur spécificité : le contact avec le produit. Ce sera toujours un cadre adapté pour évoquer les moteurs et les technologies liées au véhicule lui-même. La fréquentation, qui reste à un niveau très élevé, montre en tout cas que ces rendez-vous ont toujours un public.