Avantages en nature

Les 5 mesures du PLF 2026 qui impacteront les flottes automobiles

Fiscalité 17 octobre 2025

Chaque année, le Gouvernement profite du vote du budget pour renforcer les dispositifs liés à la fiscalité automobile française. Le projet de loi de Finances pour 2026 ne fait pas exception à la règle. Malus CO2 et au poids, taxe annuelle sur les émissions de CO2 (ex-TVS), taxe annuelle incitative sur le verdissement des flottes… le texte présenté cette semaine au Parlement viendra prolonger et durcir la trajectoire de verdissement du parc. On fait le point sur les 5 mesures qui pourront impacter les flottes automobiles.

1/ Un renforcement du malus CO₂ : seuil, barème, plafond

L’un des piliers du verdissement automobile contenu dans le PLF 2026 tient dans la redéfinition du malus CO₂ à l’horizon 2028. Le texte propose de prolonger la trajectoire, entamée il y a plusieurs années, avec un déclenchement dès 98 g/km de CO₂ (contre 113 g/km actuellement, 108 g/km en 2026 et 103 g/km en 2027). De surcroît, le plafond serait relevé à 100 000 € pour les véhicules émettant plus de 187 g/km, contre 70 000 € aujourd’hui et 90 000 € en 2027.

BARÈME CO2, MÉTHODE DITE WLTP, POUR LES ANNÉES À COMPTER DE 2028

Émissions de CO2 (g/km)

Tarif

(€)

Émissions de CO2 (g/km)

Tarif

(€)

Émissions de CO2 (g/km)

Tarif

(€)

Inférieures à 98

0

125

1 504

153

11 803

98

50

126

1 629

154

13 014

99

75

127

1 761

155

14 325

100

100

128

1 901

156

15 736

101

125

129

2 049

157

17 247

102

150

130

2 205

158

18 858

103

170

131

2 370

159

20 569

104

190

132

2 544

160

22 380

105

210

133

2 726

161

24 291

106

230

134

2 918

162

26 302

107

240

135

3 119

163

28 413

108

260

136

3 331

164

30 624

109

280

137

3 552

165

32 935

110

310

138

3 784

166

35 346

111

330

139

4 026

167

37 857

112

360

140

4 279

168

40 468

113

400

141

4 543

169

43 179

114

450

142

4 818

170

45 990

115

540

143

5 105

171

48 901

116

650

144

5 404

172

51 912

117

740

145

5 715

173

55 023

118

818

146

6 126

174

58 134

119

898

147

6 637

175

61 245

120

983

148

7 248

176

64 356

121

1 074

149

7 959

177

67 467

122

1 172

150

8 770

178

70 578

123

1 276

151

9 681

179

73 689

124

1 386

152

10 692

180

76 800

 

 

 

 

181

79 911

 

 

 

 

182

83 022

 

 

 

 

183

86 133

 

 

 

 

184

89 244

 

 

 

 

185

92 355

 

 

 

 

186

95 466

 

 

 

 

187

98 577

 

 

 

 

Supérieures à 187

100 000

Cette nouvelle architecture s’accompagne de la suppression, à compter de 2028, du mécanisme de plafonnement du cumul des deux malus (CO₂ + masse). Jusqu’à présent, le cumul était limité au montant du malus CO₂. À l’avenir, un véhicule très lourd et très polluant pourra donc additionner les deux taxes sans limite de compensation.

2/ Le malus au poids : pas de durcissement mais des ajustements ciblés

Si le PLF 2026 n’envisage pas un durcissement du malus au poids au sens d’un abaissement du seuil (il sera déjà abaissé à 1,5 tonne dès janvier 2026), il introduit des ajustements dans les abattements dont peuvent bénéficier certaines motorisations :

  • micro-hybrides (< 30 kW) : suppression de l’abattement de 100 kg dès 2027 ;
  • hybrides non rechargeables (> 30 kW) : maintien de l’abattement de 100 kg jusqu’à 2028 ;
  • hybrides rechargeables (> 50 km d’autonomie 100 % électrique) : abattement de 200 kg (dans la limite de 15  % de la masse en ordre de marche) prolongé jusqu’à 2028 ;
  • 100 % électriques éco scorés : exonération (en vertu du décret n° 2025-574 du 24 juin 2025) jusqu’en 2028 au moins ;
  • 100 % électriques non éco scorés : introduction d’un abattement de 600 kg à partir du 1er juillet 2026, maintenu jusqu’en 2028 ;
  • hydrogène : l’exonération disparaîtra au 1er janvier 2028, remplacée à cette date par un abattement de 600 kg.

 

Ces aménagements montrent une discrimination affinée entre technologies : certaines motorisations conservent des privilèges — mais progressivement moins avantageux — tandis que les critères d’éco-score deviennent un enjeu clé pour les véhicules 100 % électriques.

3/ Vers une taxation annuelle renforcée pour les véhicules de société

Le texte du PLF 2026 prolonge également la réforme de la taxe annuelle sur les émissions de CO₂ (ex-TVS) pour les véhicules de société, avec un barème pour 2028 comportant une trajectoire de durcissement. Par exemple, un tarif marginal de 1,20 €/g est envisagé pour les voitures émettant moins de 40 g/km de CO₂. Au-delà de 120 g/km (de 121 à 140 g/km) le tarif marginal appliqué passe à 60 euros.

Fraction des émissions de CO2

(en g/ km)

Tarif marginal

(en €)

Jusqu’à 40

1,2

De 41 à 48

2,4

De 49 à 80

3,6

De 81 à 100

4,8

De 101 à 120

12

De 121 à 140

60

De 141 à 160

72

A partir de 161

78

Par ailleurs, la composante relative aux émissions de polluants atmosphériques fera l’objet d’une trajectoire d’augmentation entre 2026 et 2028, après avoir été stable depuis 2024.

Fraction de la puissance administrative

(en CV)

Tarif marginal

(en €)

Jusqu’à 3

2 700

De 4 à 6

3 900

De 7 à 10

5 700

De 11 à 15

6 600

A partir de 16

8 100

4/ Taxe Annuelle Incitative au verdissement : plus de peur que de mal

Alors qu’il était envisagé de recentrer le verdissement des flottes sur le 100 % électrique en sortant l’hybride rechargeable ou encore d’abaisser le seuil de déclenchement de la TAI aux flottes de 50 véhicules, finalement le Gouvernement semble avoir fait le choix de la stabilité concernant cette mesure en vigueur depuis le 1er mars 2025. Deux modifications pourront toutefois intervenir :

  • l’inclusion des voitures de catégorie M1 aménageables en usage utilitaire (adaptation réversible) dans le champ des véhicules taxables ;
  • l’inclusion des utilitaires légers électriques N2.

5/ Fiscalité carburant : réduction des avantages de l’E85

Enfin, le PLF 2026 propose une réduction des avantages fiscaux accordés à l’E85 (bioéthanol), au point que l’association 40 Millions d’Automobilistes anticipe une hausse de 40 à 50 centimes par litre.

Une distribution d’efforts entre technologies et usages

Le dispositif présenté poursuit une volonté claire : privilégier l’électrique éco-scoré tout en restreignant progressivement les marges de manœuvre pour les motorisations essence et diesel mais aussi hybrides ou hybrides rechargeables. Dans cette trajectoire, la pression fiscale sur les motorisations intermédiaires - hybrides classiques, micro-hybrides et même certains véhicules électriques non « éco scorés » - est amenée à s’accroître sensiblement. La suppression progressive de certains abattements pour les motorisations plus modestes (par exemple micro-hybrides) marquerait la fin d’un régime favorable à ces solutions de transition. La nouvelle architecture fiscale tend ainsi à rendre l’achat ou le renouvellement des véhicules thermiques plus coûteux visant à encourager la conversion du parc.

Une trajectoire vers 2028 : un cap clair mais des conditions à assurer

L’un des grands mérites du dispositif proposé est sa lisibilité sur plusieurs années (jusqu’en 2028) : plafonds, suppressions gradatives d’abattements, trajectoires de taxe annuelle. Cela répond à la demande des acteurs (constructeurs, flottes, automobilistes) qui peuvent planifier leurs investissements. Mais pour que cette ambition se révèle crédible, plusieurs conditions seront cruciales :

  • un maillage suffisant des infrastructures de recharge pour que l’électrique puisse devenir une option viable partout ;
  • une capacité résiduelle des industriels à proposer des modèles performants, légers et abordables ;
  • une capacité d’acceptation sociale : éviter un « choc fiscal » brutal qui pénaliserait les classes moyennes et les territoires moins bien desservis.

Le débat parlementaire à venir s’annonce sans doute animé — notamment sur les amendements visant à modérer ou adapter ces mesures face aux enjeux de pouvoir d’achat et de cohésion territoriale.

À NOTER : Le projet de loi de Finances pour 2026 doit être débattu à l'Assemblée nationale et au Sénat avant son adoption définitive prévue en fin d'année. Les amendements qui seront déposés et les débats entre parlementaires peuvent encore modifier les mesures présentées ci-dessus.

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