Face à la transformation du marché automobile, l’étiquetage CO2 des voitures particulières, rendu obligatoire en 2003, semble avoir perdu tout son sens. C’est la réflexion menée par le Secrétariat général à la planification écologique selon qui, 90 % des immatriculations de véhicules neufs se font aujourd’hui sous une couleur verte, assimilable par l'acheteur à des modèles à faibles ou très faibles émissions. Un constat qui pousse le SGPE a proposer une réforme complète du barème de couleurs en vigueur afin de mieux informer et orienter les conducteurs.
L’interministériel a ainsi soumis aux acteurs de la filière automobile une proposition de révision de l’étiquetage CO2 des voitures particulières. L’objectif : rendre l'étiquette énergie-CO2 des véhicules davantage représentative de la performance énergétique des produits actuels mis en vente sur le marché. Il faut dire que ce genre de dispositif s’impose de plus en plus comme un outil essentiel de transparence et d’information vis-à-vis du « consom’acteur ».
Un barème revu en profondeur
Ainsi, dans la même logique que l’évolution du bonus écologique ou encore des conditions d’abattement pour le calcul des Avantages en Nature des véhicules électriques, l’étiquette A (vert foncé) - jusqu’à présent attribuée aux véhicules émettant jusqu’à 100 g de CO2/km - serait bientôt réservée aux seuls véhicules 100 % électriques ayant obtenu l’éco-score de l’Ademe. Le reste du marché des BEV obtiendrait de son côté l’étiquette B (vert moyen).
Les véhicules hybrides rechargeables, hybrides simples ou petits modèles thermiques à moins de 100 g de CO2/km seraient étiquetés C (vert clair), ceux émettant entre 101 et 115 g passeraient D (jaune) quand ceux entre 116 et 130 g seraient badgés E (orange). Pour illustrer son propos, le SGPE prend l’exemple d’un Renault Espace Hybride. Avec le nouveau barème, il serait de fait rétrogradé d’une classe B (vert moyen) à une classe D (jaune).
Enfin, les étiquettes F et G concerneraient respectivement les véhicules dont les émissions seraient comprises entre 131 et 145 g, ou ceux dépassant les 146 g, soit seulement 4,8 % des immatriculations aujourd’hui selon l’interministériel.
L’étiquetage produit pour informer et responsabiliser le « consom’acteur »
Dans un contexte où les préoccupations environnementales et éthiques occupent une place croissante dans les choix d’achat, l’étiquetage des produits s’impose de plus en plus comme un outil essentiel de transparence et d’information vis-à-vis du consommateur et la réforme évoquée ici n’est en rien une surprise finalement.
Ces dispositifs se sont d’ailleurs multipliés ces dernières années, à l’image du Nutri-Score, du futur « score environnemental » envisagé pour les biens de consommation courante ou encore de l’indice de réparabilité désormais obligatoire sur certains produits. Ils répondent tous à une même logique : simplifier l’information pour orienter le consommateur vers des choix plus responsables. Dans le cas de l’automobile, un chiffre brut d’émission de CO2 (en g/km) prend tout son sens lorsqu’il est replacé dans une échelle visuelle et comparative.
Un impact « positif » sur les décisions d’achat ... et la fiscalité ?
Plusieurs études ont déjà démontré que les consommateurs prennent davantage en compte les étiquettes simplifiées dans leurs décisions d’achat, surtout lorsqu’elles sont indiquées de manière visible. Le Nutri-Score a d’ailleurs de son côté incité certains fabricants à reformuler leurs recettes pour obtenir une meilleure notation. Dans l'automobile, l'étiquette énergie-CO2, clairement mise en avant sur les fiches techniques des véhicules en concession, dans les publicités ou sur les vitrines web des marques, a sans nul doute contribué à la montée en puissance des motorisations électrifiées, même si cela reste difficile à mesurer.
La refonte globale du barème pourrait donc accentuer davantage cette tendance, à l’heure où la transition énergétique du parc automobile se heurte encore à de nombreux freins avec des résultats encore loin des objectifs fixés par le Gouvernement. Le SGPE constate en effet un retard d’environ un an (300k voitures électriques manquantes à fin 2024) et une inversion inquiétante de la tendance par rapport à la trajectoire fixée par le Gouvernement pour 2030. On peut enfin s'interroger sur l’utilisation de ce nouvel étiquetage pour articuler la fiscalité du marché automobile français.