(Paris, le 11 octobre 2017)
La région Auvergne-Rhône-Alpes vient de procéder au lancement du projet Zero Emission Valley. L'ambition est d’amorcer le démarrage de la mobilité hydrogène, en déployant 20 stations, mais aussi en aidant les entreprises pour qu’elles bénéficient d’un TCO comparable à celui d’un modèle thermique.
Alors qu’elles s’interrogent sur l’opportunité de passer à l’électrique, les entreprises n’ont pas encore basculé dans l’hydrogène. Et pour cause, les rares modèles disponibles ne sont vendus qu’au compte-gouttes, faute d’une infrastructure suffisante. Mais, cela pourrait changer, du moins en région Auvergne-Rhône-Alpes.
Il se trouve que ce territoire expérimente déjà la mobilité hydrogène, grâce au projet Hyway, qui a permis de financer le déploiement de 30 Kangoo H2 et de trois stations à hydrogène (Grenoble, Lyon et Valence). La région présidée par Laurent Wauquiez (convaincu à titre personnel de la pertinence de ce projet), veut donner un coup de pouce financier, de façon à ce que les 1 000 premiers véhicules immatriculés soient proposés au même coût d'utilisation qu'un équivalent thermique.
Quand on sait que le Kangoo ZE transformé par Symbio (avec une pile à combustible de 5 kW, utilisée en tant que range extender et qui vient doubler l’autonomie de l’utilitaire électrique de base) est proposé à 30 000 euros HT, la proposition est intéressante.
L'idée est de sortir de l'éternel problème de la poule et de l'œuf, explique-t-on à la région. Au lieu d'attendre que les constructeurs sortent des modèles pour construire des stations, ou que les stations sortent de terre pour que les véhicules arrivent, l'idée est plutôt d'avoir une approche combinée. C’est-à-dire que la région va cibler les sites, de façon à ce que tout le monde y trouve son compte : les exploitants qui veulent y bâtir des stations, et les entreprises qui pourraient faire l’effort de passer à la pile à combustible en étant sûres de pouvoir ravitailler leurs flottes. Ce sera du donnant-donnant. C’est le modèle qu'applique justement Symbio, et qui permet de démarrer un embryon de réseau de stations, au lieu d’attendre que les constructeurs (et en particulier les Français, qui sont absents pour le moment de ce marché) et des acteurs comme Air Liquide investissent massivement.
« Dans des zones à fort potentiel économique, on va ainsi obtenir des petites flottes de véhicules à hydrogène, dont le nombre va grossir et alimenter ensuite un besoin, qui convaincra plus facilement encore un Air Liquide à investir dans des stations de plus grande taille », analyse Fabio Ferrari, le patron de Symbio. Et l’animateur du groupe Mobilité Hydrogène France voit plus loin. Comme la région Rhône-Alpes-Auvergne a des liens avec d’autres régions d’Europe (Bade-Wurtemberg, Catalogne et Lombardie), le modèle pourrait être transposé en dehors des frontières.
Le projet Zero Emission Valley a ceci de bien qu’il privilégie le "made in France". Les acteurs engagés dans la filière hydrogène sont en effet des locaux. De plus, l’opération financière que pourront réaliser les entreprises intéressées se doublera d’une bonne conscience écologique. Les stations qui alimenteront les véhicules à hydrogène distribueront un hydrogène vert, produit sur place par des électrolyseurs, fonctionnant eux-mêmes avec une électricité issue d’énergies renouvelables.