Que va-t-il rester d'Opel?

(Paris, le 4 juin 2018)

Le rachat par le groupe PSA d’Opel est une opportunité pour le constructeur français d’augmenter les ventes et de faire des économies d’échelle. Mais, cela pourrait se traduire aussi par une perte d’identité au sein de la marque au blitz.

Après avoir été une filiale de General Motors de 1929 à 2017, Opel est depuis un an la propriété du groupe PSA. Les deux constructeurs se connaissent bien, puisqu’ils ont co-développé des véhicules ensemble, comme la paire C3 Aircross/Crossland X et 3008/Grandland X. Mais désormais, la marque allemande n’est plus un partenaire. Elle est devenue une filiale. Par ailleurs, le groupe PSA estime avoir été lésé par GM, car le vendeur lui avait caché l’ampleur réelle des dépassements d’émissions de CO2 chez Opel et son exposition aux amendes de l’UE. Du coup, le constructeur français a décidé d’appliquer ses technologies sur les modèles d’Opel pour ne pas être pénalisé.

D’ici à 2024, toute la gamme de la marque allemande aura migré sur les plateformes du constructeur français. En conséquence, tous les modèles seront électrifiés avec un moteur 100 % électrique ou hybride rechargeable, en complément de moteurs thermiques plus efficients. Ce rapprochement sera visible dès 2020, avec 4 lignes de produits électrifiées, dont le Grandland X hybride rechargeable ainsi que la nouvelle génération de Corsa en version électrique, deux modèles qui reprendront les composants de leurs cousins chez PSA, à savoir le Peugeot 3008 et la Peugeot 208.

Autre sacrifice pour Opel : il devra renoncer au service OnStar qui lui apportait un avantage compétitif, avec des prestations comme la conciergerie, la localisation de véhicule volé, le déverrouillage à distance des ouvrants et le diagnostic en ligne. C’était la seule déclinaison en Europe du célèbre service lancé par GM aux Etats-Unis. Dès 2019, de nouveaux services de connectivité, baptisés Opel Connect, seront lancés sur les véhicules particuliers et utilitaires légers de la marque au blitz. Le tout premier modèle à en disposer sera la prochaine génération de Corsa. L'offre de connectivité comprendra le diagnostic du véhicule, l'assistance en cas de vol et l'accès à distance, ainsi que les interfaces Apple CarPlay et Android Auto. En 2024, Opel Connect sera disponible sur toute la gamme Opel. Il y aura une phase transitoire de cohabitation, puisque les clients qui bénéficient actuellement d'OnStar sont assurés de continuer à recevoir le même niveau de service, jusqu'à la date de cessation (fin 2020).

Opel est-il donc condamné à sortir des modèles avec une technologie 100 % PSA ? Pas si sûr, car la marque apporte quand même certaines compétences. Son centre de recherche de Rüsselsheim, bénéficie en effet d’une expertise dans la pile à combustible. PSA compte bien en profiter, puisque la technologie doit être appliquée prochainement sur des véhicules utilitaires. Opel peut aussi aider son nouveau propriétaire sur les carburants alternatifs, comme le gaz naturel. Les ingénieurs allemands pourront également apporter leur savoir-faire dans certains domaines liés à l'automatisation et l'assistance à la conduite, les tests liés à l'électronique et la configuration des logiciels. Sans oublier leur compétence dans l’homologation de véhicules destinés au marché américain.

La même question se posera peut-être à terme pour Renault. Si l’idée d’une fusion avec Nissan est écartée par Carlos Ghosn, il n’en demeure pas moins que l’heure est à la convergence dans tous les domaines entre les trois membres de l’Alliance (Renault, Nissan et Mitsubishi). Et c’est le cas notamment dans l’ingénierie. Cela signifie concrètement que les trois marques partageront un maximum de composants et bénéficieront des mêmes technologies.