(Paris, le 19 janvier 2018)
Déjà sévères, les sanctions sont aggravées pour les conducteurs pris en infraction avec leur téléphone mobile à la main. Personne ne va s’y opposer, mais il serait plus judicieux de sensibiliser aussi les conducteurs aux systèmes qui réduisent le risque.
Selon la Sécurité Routière, la conversation téléphonique est la cause d’un accident corporel sur 10 (*). Téléphoner multiplie par 3 le risque d’accident et les nouveaux usages liés à la généralisation des smartphones (lecture et écriture de SMS, mails...) multiplient ces risques par 23. Les pouvoirs publics ont donc voulu aller plus loin que l’amende de 135 euros et le retrait de 3 points. En 2019, le permis pourra être suspendu, si le conducteur tient son téléphone en main et commet en même temps une infraction menaçant la sécurité d’autrui.
La consigne est claire : ne téléphonez pas. Or, dans un monde de plus en plus connecté, où il devient nécessaire d’être joignable (surtout en entreprise), cela paraît impossible. Dans ces conditions, on se demande pourquoi il n’est pas conseillé d’utiliser les systèmes qui se développent aujourd’hui chez tous les constructeurs. La connexion Bluetooth pour bénéficier d’un système mains-libres est quasiment à ranger au rayon des antiquités. Sur un nombre croissant de modèles, et pour peu qu’on utilise un smartphone courant (iPhone, modèles sous Android ou compatibles avec MirrorLink), on peut retrouver sur l’écran de bord un menu simplifié de son mobile. On peut oublier celui-ci et piloter à la voix ou par écran tactile un nombre restreint de fonctions, jugées adaptées à la conduite.
Il est par exemple possible de téléphoner en mains-libres, de dicter un SMS (ou de se le faire lire) et de lancer un calcul d’itinéraire. Autant de commandes qui ne nécessitent à aucun moment de toucher son téléphone. Les mains restent sur le volant et la visibilité est améliorée, puisque les consignes de guidage apparaissent sur un plus grand écran, avec en prime un son qui sort du haut-parleur. Le risque n’est pas éliminé, mais il reste moins élevé que si l'on avait l'appareil en main.
Les gestionnaires de parcs devraient donc penser à ce type de systèmes, qui sont devenus très accessibles.
On remarquera au passage que la Sécurité Routière veut aussi contrer l’utilisation de solutions communautaires, telles que Waze, qui commencent à arriver à bord des voitures en lien avec l’intégration du smartphone chez Ford, Renault et Seat. Les forces de l’ordre pourront, à leur demande, demander aux opérateurs de suspendre temporairement la localisation de leurs contrôles d’alcoolémie et de stupéfiants. Ce dispositif pourra être appliqué également pour des opérations de lutte contre le terrorisme et la criminalité.
Là encore, au nom d’une stratégie uniquement fondée sur la répression, les pouvoirs publics risquent de se priver d’un moyen de remonter aussi des difficultés sur le réseau routier. Par contre, rien n’a été dit sur la mise en place de la communication entre véhicules et l’infrastructure. La technologie commence pourtant à se mettre en place dans certains pays.
(*) Ce n’est pas une statistique, mais une estimation, ou plutôt un calcul issu d’un rapport de l’INSERM qui a compilé plusieurs études dans le monde.