(Paris, le 8 mars 2013)

Il n'est pas sûr que la voiture devienne finalement un iPhone sur quatre roues. Ce sera peut-être le smartphone lui-même qui sera au centre de notre mobilité. Dans le creux de la main, il nous donne le pouvoir de décider, grâce à son ouverture sur Internet.

Dans un écosystème de mobilité intermodale, la voiture n'est qu'un élément parmi d'autres comme la marche à pied, le vélo, le métro, le RER, le TGV, voire l'avion. Et l'automobile elle-même se décline sous d'autres formes telles que la location en courte durée ou entre particuliers, l'autopartage et le taxi. Soit nous pensons que le "tout voiture" continuera d'être le mode de transport principal, soit nous pensons que notre mobilité évoluera vers des déplacements plus raisonnés, articulés autour de services partagés. La question est centrale. Les constructeurs aimeraient bien que le monde ancien perdure, on les comprend. Or, ce monde change, pour des raisons déjà évoquées sur le blog Carfutur.com, et le prix élevé du pétrole ne va rien arranger. C'est l'individu qui se trouve désormais au coeur du système. C'est lui qui est connecté et informé en permanence. L'arrivée de l'iPhone et de ses concurrents a accéléré cette évolution sociétale en mettant à disposition du plus grand nombre d'entre nous une foule d'informations et de services. Ces informations pourront être lues par la voiture, mais elles accompagneront l'homme mobile dès qu'il sortira de celle-ci, où qu'il aille et quel que soit son moyen de locomotion. Voyons comment ce mouvement pourrait s'opérer.

Le véhicule communicant au service de l'écologie

La tendance est à la conduite apaisée, grâce à des applications pour smartphone (Mini, Toyota, Ecogyzer...), ou des fonctions intégrées (eco:Drive de Fiat, désormais couplée avec la navigation connectée TomTom), qui analysent le comportement du conducteur et délivrent des conseils en temps réel pour consommer moins. Certains véhicules électriques, par exemple la Nissan Leaf, sont suivis à distance par un « data center ». De la sorte, le constructeur a un retour à grande échelle de la façon dont sont conduites les voitures. Autant de données qui permettent par exemple de comparer les performances d’éco-conduite,
 directement sur le tableau de
 bord et à l’échelle de la planète. 
Dans le domaine professionnel, la géolocalisation des véhicules ne s’arrête pas au seul
 affichage sur une carte. Si l’on
 prend le cas de TomTom, dont 
la branche business propose un module GPS/ GSM, il est possible de remonter en temps réel des infos sur la consommation de carburant et les écarts de conduite (alertes sur les vitesses, les surrégimes, et les virages ou freinages brusques). Ces données permettent de sensibiliser ensuite les collaborateurs à l’éco-conduite, ce qui permet de réduire l’empreinte CO2 ainsi que les coûts, tout en participant au développement durable.

La voiture électrique va faire apparaître de nouveaux services

Le smartphone se montre un outil adapté pour afficher la liste à jour des bornes de recharge. Au fur et à mesure de l’arrivée de nouveaux modèles sur le marché, les constructeurs vont proposer des applications pour aider leurs clients. L’idée est de pouvoir localiser et réserver en ligne les prises. Mais, on trouve également sur le marché des applications indépendantes, par exemple ChargeMap (iPhone, Androïd, Blackberry, Windows Phone) qui recense les bornes disponibles. Elles sont au nombre de 2 750 selon ce service développé par une start-up alsacienne. L’appli donne accès au type de charge proposée (charge rapide ou standard), les horaires d’accès ou encore le coût de la charge. Pour trouver où charger sa voiture électrique, l’internaute doit simplement saisir une adresse ou le nom de sa ville dans le moteur de recherche. Il existe également PlugShare : une communauté de recharge pour véhicules électriques développée par de jeunes Californiens via une start-up appelée Xatori. L’application, disponible sur iPhone et Androïd, a recensé plus de 10 000 stations à ce jour. Elle permet de mettre en relation les conducteurs de véhicules électriques et les propriétaires de prises qui acceptent de les mettre à disposition pour une recharge.

De nouvelles applications tournées vers le multimodal

Les services connectés s’ouvrent sur un univers autre que l’automobile. Par exemple, on peut consulter les horaires d’avion sur les GPS Garmin dans le cadre du bouquet nüLink. Même démarche chez Audi, où ces informations vont venir enrichir l’offre Connect. Pour sa part, Citroën a conçu un portail Internet sur la mobilité. Accessible en dehors du véhicule, il a pour nom Multicity et se définit comme une application « itinéraire et transport ». Sur son écran d’iPhone, on peut calculer un itinéraire porte-à-porte, quels que soient les modes de déplacement. Le service propose des combinaisons de transports en commun en ville (bus, métro, tramway) ou sur de plus longues distances (train régional, TGV, avion). Il prend en compte les piétons et va jusqu’à calculer le prix des courses de taxi. Multicity permet également de réserver en ligne un véhicule de location avec National Citer et de le faire livrer chez soi (service Call Car) dans les grandes villes. A noter que Peugeot, avec son offre Mu (accessible depuis un smartphone) permet également de louer des véhicules, dont la Ion électrique, et même un vélo ou un scooter pour s’essayer à d’autres mobilités.

Le smartphone favorise la voiture partagée

Le portail de Citroën vient par ailleurs de s’enrichir de nouvelles offres orientées sur le partage de voiture entre particuliers. Ces nouveaux services sont l’autopartage (en partenariat avec Zilok) et le covoiturage (avec covoiturage.fr). Partant du constat que les voitures restent en moyenne immobilisées 90 % du temps, la marque aux chevrons propose à ses clients de louer leur véhicule quand ils ne l’utilisent pas. Il est assez symbolique de voir qu’un constructeur s’empare d’une pratique qui commence à faire son chemin dans la société française. On trouve en effet de plus en plus d’acteurs (Buzzcar, CityZenCar, Deways, Koolicar, Livop, Mavoiturealouer.com, Voiturelib) proposant de mettre en relation les propriétaires de véhicules avec des particuliers. C’est un peu le Facebook de l’automobile. Si la plateforme repose sur Internet, quelques-uns (Buzzar, Voiturelib) permettent d’accéder aux offres via un smartphone. Le mobile est même intégré au service, dans le cas de Buzzcar, car il sert à prendre des photos et à faire l’état des lieux.

Un outil intégré dans les offres d’autopartage

Bien entendu, les principaux services d’autopartage (Autolib, Connect by Hertz) disposent de leur application pour smartphone. C’est pratique pour localiser un véhicule et le réserver. Dans le cadre d’une expérimentation, qui va déboucher par la suite sur un service commercial, Renault et la Communauté d’Agglomération de Saint-Quentin- en-Yvelines ont lancé un service d’autopartage (Twizy Way) avec ou sans réservation, pour des trajets urbains et périurbains. Il s’articule autour du Twizy, le quadricycle électrique de la marque au losange. En temps réel, grâce à une application spécifique, on peut localiser le véhicule le plus proche. Ensuite, on peut choisir de le réserver 15 min avant de l’utiliser (toujours par smartphone ou par Internet depuis un ordinateur), ou de le louer à la volée. Il suffit alors de flasher le code barres (code QR) présent sur le véhicule.

L’arrivée du covoiturage dynamique

Autre forme de partage de la voiture, le covoiturage ne cesse de progresser grâce à la montée en puissance des réseaux sociaux et surtout des applications pour smartphones. L’intérêt du mobile est de pouvoir se déclarer (offreur de places ou demandeur) en situation de mobilité et d’échanger ensuite par mail et SMS. Les leaders du secteur, tels que Green Cove (123envoiture.com) et Covoiturage.fr (dont l’application Comuto a été rebaptisée Blablacar) proposent évidemment des applications. On trouve également des nouveaux venus comme Covivo et Green Monkeys.

Placelib : l’échange communautaire de places de parking

Au-delà du partage du véhicule, la tendance est de s’échanger des bons plans. On voit se développer des applications autour du stationnement comme Apila ou Share My Spot, qui a été rebaptisé Placelib. Ce dernier service donne accès à une communauté de 7 000 automobilistes qui, plutôt que de se battre pour prendre une place de parking, ont décidé de s’unir et de s’entraider pour faire front face à la pénurie d’emplacements libres. Le service gère automatiquement le croisement de l’offre et de la demande, en attribuant et en réservant une future place libre à un membre. Comment ça marche ? Le membre qui s’apprête à libérer une place envoie l’information sur son smartphone. Placelib met à profit les quelques minutes qui vous séparent de votre voiture pour identifier le destinataire idéal de votre place, en fonction de sa proximité géographique et des dimensions respectives de vos véhicules, et l’amener jusqu’à votre emplacement. L’enregistrement de la transaction donne lieu en contrepartie à un échange de noisettes virtuelles, débitées du compte de votre «co-spot» et créditées sur le vôtre ! Et quand vous voulez à votre tour vous garer, il suffit d’échanger ces noisettes contre une place.
Outre le gain de temps (20 minutes en moyenne par recherche), Placelib permet à l’utilisateur de réduire sa consommation de carburant et ses émissions de CO2, en lui évitant des tours et détours inutiles.

Les services de mobilité accessibles sur un smartphone

Dans la jungle urbaine, le citadin n’est plus seul. Il peut se localiser sur une carte (en général avec Google Maps) et repérer la station de métro, la gare ou l’arrêt de bus à proximité. Il existe généralement une application permettant de prendre connaissance des lignes de transports en commun avec, dans le meilleur des cas, les horaires. Autrement, les Pages Jaunes se chargent de trouver le numéro de téléphone des compagnies de taxi. Mais, dans certaines villes, on peut directement appeler un taxi à la volée en se connectant à un serveur qui va alors chercher quels sont les chauffeurs disponibles. La réponse, avec le type et la couleur de la voiture, ainsi que le temps nécessaire pour arriver, s’affiche sur l’écran quand le taxi a été trouvé. Toutes les briques existent, grâce aux efforts fournis par des développeurs et grâce à l’ouverture que procure Internet (quand ce ne sont pas les usagers eux-mêmes qui alimentent les données). L’idéal serait bien sûr qu’un opérateur télécom (ou de service) arrive à intégrer ces services et puisse proposer un portail unique.

Projet Optimod’ à Lyon

L’ancienne capitale des Gaules va mettre en place un système innovant afin de rendre les déplacements plus efficaces au quotidien. Si l’agglomération de Lyon dispose de nombreuses infrastructures de transports et de services, ici comme ailleurs, toutes ces données sont éclatées entre les différentes organisations (la Région, la SNCF, les conseils généraux, le Sytral, l’Etat, les sociétés d’autoroutes, le Grand Lyon) qui gèrent les transports. La solution ? Regrouper ces infos et les restituer sous la forme d’un navigateur unique. C’est l’objectif du projet Optimod’Lyon, labellisé par l’Ademe et inscrit dans les Investissements d’Avenir.
Avec l’aide de partenaires comme IBM, Orange, Renault Trucks et Autoroutes Trafic, le projet va élaborer pendant 36 mois un «entrepôt de données», qui sera complété par des données issues de nouveaux capteurs fixes et mobiles.
L’objectif est de proposer d’ici 2014 au plus tard des services innovants sur le Grand Lyon :

• Une prévision de trafic à 1 h (une première en Europe dans le contexte urbain), ce qui permettra d’optimiser le système de gestion des 1 500 carrefours à feux de l’agglomération, qui assure la priorité aux transports en commun et la fluidité du trafic routier.
• Le développement d’un navigateur tous modes, en temps réel, sur téléphonie mobile, qui sera une première en Europe et sans doute au niveau mondial. Ce service développera un calculateur multimodal donnant toutes les options modales pour aller d’un point A à un point B sur le territoire, en fonction de différents critères. Il intégrera les alertes en temps réel en cas d’imprévus, et toutes les fonctions associées au GPS et permettra de fournir à l’usager un véritable outil de navigation urbaine en temps réel.