(Paris, le 3 juillet 2019)
Ainsi donc, Renault et Nissan ont conclu avec Waymo (filiale de Google) un accord exclusif sur la mobilité autonome. Celui-ci porte sur une première phase d’exploration couvrant tous les aspects relatifs au transport des personnes et à la livraison de biens. Il ne s’agit pas (encore ?) de laisser le géant du numérique installer ses logiciels à bord des voitures de l’Alliance, mais de préparer ensemble des services de mobilité. L’accord se situe dans la logique de ce que prévoit le plan pour 2022, avec des partenaires (tels que Transdev par exemple) pour lancer des services de robots-taxis.
Il concerne dans un premier temps la France et le Japon, où les deux constructeurs ont leur siège social. Dans ces pays, Renault et Nissan créeront des joint-ventures au nom de l’Alliance, et qui seront dédiées aux services de mobilité autonome. D’autres marchés, à l’exception de la Chine, pourraient être envisagés ultérieurement. Le choix de Waymo est assez logique. Tout le monde reconnaît l'avance prise par cet acteur qui, à ce jour, a accumulé plus de 16 millions de kilomètres en essais sur routes ouvertes. C'est aussi le seul à opérer vraiment de façon ouverte un service de taxis autonomes à la demande. Pour Thierry Bolloré, Directeur Général du Groupe Renault, « ce partenariat accélèrera nos engagements en matière de création de nouveaux services de mobilité partagée et profitera à l’ensemble de l’écosystème automobile ».
Google, qui est également présent à travers les services connectés (Android Auto, Google Maps, recherche locale sur les GPS), consolide donc ses positions dans l’automobile. Il avait déjà des accords avec Fiat-Chrysler Automobiles (FCA) et Jaguar Land Rover (JLR). Mais, être retenu par la première alliance automobile au monde est un signal fort.
Pour autant, ce n’est pas un accord isolé. Il faut rappeler qu’Uber et Volvo avaient déjà conclu en 2016 un accord de ce type. Celui-ci a débouché sur le développement de plusieurs prototypes visant à accélérer la mise au point des véhicules autonomes des deux entreprises. Celles-ci viennent d’ailleurs de dévoiler un premier véhicule de série, développé conjointement, et capable de rouler sans l’aide du conducteur. Il s’agit d’un SUV XC90, équipé d’un dispositif de sécurité de pointe. Le véhicule de Volvo se dote notamment de systèmes de secours pour les fonctions de direction et de freinage ainsi que d’une alimentation de secours par batterie. En cas de défaillance, il y a une redondance des systèmes pour stopper immédiatement le véhicule. Les deux partenaires ont prévu une série de capteurs installés sur le toit et au sein du véhicule, de façon à échanger des données par rapport au système de conduite autonome d’Uber. Ce premier modèle de série préfigure des dizaines de milliers d'autres, dans le cadre de la commande passée par Uber auprès de Volvo. La flotte autonome sera déployée au cours des prochaines années.
Précisons au passage que la coopération avec Volvo n’a rien d’exclusif. Toyota et Uber sont aussi liés par un accord. Les deux partenaires ont en effet l’ambition de mettre sur le marché à grande échelle un service de mobilité à base de véhicules partagés autonomes.
En face de ces nouveaux venus, des partenariats plus classiques se font jour. Par exemple, en Allemagne, BMW et Daimler vont travailler ensemble sur ce thème. Pourtant, les deux constructeurs avaient déjà fait de grands pas, chacun de leur côté. BMW avait notamment mis en place une plateforme, ouverte à d’autres constructeurs (Fiat-Chrysler) et des équipementiers (Intel, Mobileye, Continental, Magna...). BMW et Daimler voient leur partenariat comme une coopération stratégique de long terme, avec pour objectif de rendre les technologies de conduite autonomes accessibles à grande échelle d’ici au milieu de la prochaine décennie.
Le dernier partenariat en date concerne Ford et Volkswagen. Déjà associés dans les utilitaires et le pick-up, les deux constructeurs vont coopérer dans le domaine des voitures électriques et autonomes. La marque allemande va fournir sa technologie électrique à Ford et sa plateforme. En échange, Ford fera bénéficier à Volkswagen de sa filiale spécialisée dans la voiture autonome (Argo AI). Pour sa part, le constructeur germanique était déjà lié à Aurora, une start-up américaine fondée par un ancien de Google. Mais, Volkswagen a abandonné ce partenariat pour faire plaisir à Ford. Du coup, c’est le coréen Hyundai qui a décidé de récupérer cette pépite de la Silicon Valley, en investissant avec l’aide de la marque sœur, Kia.
Et en France ? Pourrait-on envisager de voir PSA et Renault travailler ensemble sur le sujet ? Voire, avec l’aide d’un équipementier comme Valeo ? Dans son rapport réalisé à la demande de l’Elysée, Patrick Pelata, ex DG de Renault, écrivait que les industriels de l’automobile devaient se réunir en Europe pour travailler ensemble et pouvoir concurrencer ainsi les GAFA et les géants du numérique en Chine. Lors de l’inauguration récente du site de l’UTAC-CERAM à Monthléry, destiné aux tests de véhicules autonomes, la PFA (Plateforme de la Filière Automobile) a rappelé qu’il fallait « chasser en meute » et avancer ensemble pour relever les défis de l’automobile.