(Paris, le 14 janvier 2019)
Pour ceux qui ne connaissent pas encore cet événement, le CES de Las Vegas (Consumer Electronics Show) est devenu le rendez-vous le plus couru du début d’année dans le domaine de la technologie, surtout en ce qui concerne le véhicule connecté et autonome.
Il se déroule dans le Nevada, pas si loin de la Californie. Et pourtant, ni Apple, ni Tesla, ni même Uber qui réalise pourtant un très gros chiffre d’affaires à Vegas, n’y sont présents. Quant à Google, il s’affichait de façon très visible, et sa filiale Waymo exposait même son van autonome sur le stand de Fiat-Chrysler.
En revanche, une bonne partie de l’industrie automobile s’y donne rendez-vous pratiquement chaque année. Pour cette édition 2019, Audi, BMW, Ford, Honda, Hyundai-Kia, Mercedes, Nissan et Toyota étaient là pour les constructeurs. Ils étaient épaulés par Bosch, Continental, Faurecia, Valeo et ZF pour les équipementiers et des partenaires devenus incontournables dans le domaine des cartes comme HERE et TomTom.
Le paradoxe est que ce sont des acteurs européens qui suscitent l’intérêt des Américains. Ainsi, le fabricant de puces Nvidia – que le monde automobile s’arrache – considère que l’équipementier allemand ZF dispose aujourd’hui du meilleur supercalculateur du marché. Le système Pro AI Robo Think est capable de réaliser plusieurs centaines de téra opérations par seconde. La technologie sera intégrée dans le propre système que Nvidia compte lancer en 2020 pour aider les constructeurs à faire des véhicules autonomes.
Sur le salon, la tendance cette année était à la navette autonome collective. Dans ce domaine, les allemands Bosch et ZF (en association avec son compatriote e.GO), ainsi que le tout nouveau Milla Group (basé en France) proposent des solutions adaptées pour les sites urbains, en complément de ce que font déjà des acteurs comme Easymile et Navya. Ces véhicules sont destinés à une exploitation dans des sites restreints, avec des opérateurs de mobilité.
En raison des contraintes liées aux capteurs (une combinaison est indispensable entre des radars, des caméras et des lidars), l’automatisation n’arrivera que plus tard sur les véhicules conventionnels. Si l’on prend l’exemple de Toyota, le Japonais a présenté un véhicule de recherche sur la base d’une Lexus. Il est surmonté d’une tourelle avec un tas de caméras. Ces capteurs viennent s’ajouter aux lidars et radars qui ont été intégrés pour empêcher tout risque d’accident. Et tout cela a un coût, hors de portée de la plupart des clients.
En tout cas, les partenariats s’accélèrent. La logique pour les acteurs de l’automobile est de s’enrichir de coopérations ciblées, que ce soit dans l’intelligence artificielle, la connectivité et l’automatisation de la conduite. Et tout ne passe pas par l’Amérique. Ainsi, l’allemand ZF et le français Faurecia travaillent ensemble pour développer des habitacles adaptés aux futurs véhicules autonomes, avec des sièges qui assurent une sécurité optimale quelle que soit la position des passagers. L’intérieur sera aussi un cocon avec des réglages ultrapersonnalisés, grâce au cloud et à des capteurs.
Au CES, ce n’est pas un véhicule réalisé par une entreprise de la Silicon Valley qui fait le show. L’exploit est venu de Valeo, qui propose de se téléporter à bord d’une voiture en mouvement, grâce à un casque de réalité virtuelle et avec l’aide de la connectivité 4G. Pour sa part, Nissan a fait fort aussi avec la réalité augmentée pour montrer au conducteur ce qui est encore invisible pour lui, grâce à des données stockées dans le cloud et restituées par un avatar. Il n’est donc pas si évident que les GAFA vont régner en maîtres sur la mobilité. Par contre, on peut noter une montée en puissance des acteurs chinois sur le CES de Las Vegas, avec la présence notamment de Baidu et Alibaba...