(Paris, le 8 novembre 2022)
Alors que l’électrification des parcs automobiles s’accélère dans le monde entier, la question du recyclage des batteries lithium haute tension va devenir un enjeu pour la filière industrielle.
Dans ce domaine, la Chine a une longueur d’avance certaine, mais des deux côtés de l’Atlantique, les acteurs de la voiture électrique tentent aujourd’hui de rattraper leur retard. Même si les batteries en fin de vie n’arriveront pas en grandes quantités avant 2030, il convient dès aujourd’hui, de structurer une filière européenne à la hauteur des futurs raz-de-marée annoncés.
Il faudra aussi garantir que le recyclage se fasse localement, afin d’éviter d’importer deux fois des matériaux critiques primaires ; une première fois pour produire la batterie et une seconde fois dans le cadre du recyclage des batteries, avec le risque de les racheter une deuxième fois dans un produit issu du recyclage.
Jusqu’alors, l’essentiel des investissements dans les batteries a été concentré sur la partie fabrication. Toutefois, la crainte de pénurie en matières premières, dans un contexte de sous-investissement dans l’amont de la chaîne de valeur et de forte dépendance à la Chine, devient un sujet de préoccupation majeur pour les États-Unis et l’Europe comme possible frein à l’essor des ventes de véhicules électriques.
Les initiatives se multiplient pour développer et relocaliser des chaînes d’approvisionnement durable de la batterie. Dans ce contexte, la seconde vie et le recyclage des batteries lithium revêtent un caractère primordial pour optimiser la gestion de nos ressources communes. Le recyclage pourrait même devenir à terme une source d’approvisionnement alternative et durable en matériaux critiques fournissant une solution aux problèmes de pénurie et de dépendance à la Chine. Il pourrait en outre générer de nouveaux relais de croissance et de compétitivité en Europe et aux États-Unis.
Le dernier cahier* de l’Arval Mobility Observatory, réalisé en collaboration avec le cabinet d’études et de conseil Rare Earth Advisory, « Les enjeux du recyclage des batteries en 10 questions », détaille les grands challenges qui attendent aujourd’hui l’écosystème de la filière automobile dans le domaine du recyclage des batteries. Le point positif de cette étude est que la chaîne d’approvisionnement des véhicules électriques reste encore très jeune, ce qui offre l’opportunité de la configurer correctement dès le départ, autour de la circularité. En outre, la multiplication des projets de « gigafactories », source d’importants flux de déchets de production d’ici 2030, offre la chance d’établir les réseaux autour des usines de production de batteries et de développer les capacités de recyclage nécessaires au traitement des futurs flux de batteries haute tension en fin de vie, avant leur arrivée.
Une bonne compréhension des enjeux du recyclage de batteries lithium nécessite une approche à trois dimensions :
• Technologique : le type de technologie employée définit ce qui devra être recyclé à partir des produits commercialisés aujourd’hui et demain ;
• Géographique : la réglementation et l’implantation des usines de batteries (« gigafactories ») ainsi que des capacités de traitement des déchets de production détermineront le contrôle des futurs flux de batteries en fin de vie ;
• Économique : en fonction des modèles économiques retenus, recyclage immédiat ou seconde vie des batteries, seront à privilégier.
Le futur règlement communautaire sur les batteries, qui doit être validé d’ici la fin de l’année par l’Union Européenne, devrait donner un cadre favorable à l’essor d’une industrie européenne du recyclage de batteries haute tension. Il prévoit notamment une obligation pour les fabricants de calculer et déclarer leur empreinte carbone, avec en ligne de mire, une classification des batteries en fonction de leur performance et de leur seuil de carbone à ne pas dépasser pour une mise sur le marché à l’intérieur des pays de l’Union.
* Retrouvez ici le cahier en ligne